Antoine PAUTHE
peintures
Il y a un caractère indélébile chez ceux, qui comme Antoine, sont, dès l’enfance, tombés dans l’atmosphère hossegorienne : C’est cette marque qu’imprime la lumière qui n’© est ici « ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre » : Celle de l’hiver gorgée d’eau vaporeuse trainant en limbes parmi les troncs des pins ciselés par le gel, celle du printemps lissant les sables et éclatant le jaune vif des genêts et des mimosas dans la nature en renaissance, ou encore celle de l’été saturée de chaleur grillant mousses et lichens et précipitant tour à tour tous les tons de rouge dans la mer au crépuscule. L’automne enfin comme une symphonie mélangeant dans le vent d’Est tous ces camaïeux, ces aplats, ces masses structurées de matières aux interfaces arachnéennes.
Après une enfance où l’été signifiait les Landes, c’est là qu’Antoine est revenu se fixer pour, après maintes expériences et maints apprentissages, tendre vers l’épanouissement de sa peinture. Bien sûr, on pourra y trouver par intellectualisme des influences fortes allant, selon les saisons ou la période de son travail, de Dubuffet au Poliakoff des années cinquante : Travaux sur le fil ou aplats en surcouches grattées, torturées et écorchées pour finir en larges plages juxtaposées de couleurs des sous-bois. Il n’y a pas ici un « génie hyperproductif » mais tout au contraire un artiste secret et modeste qui lentement fait ses gammes ajoutant toile après toile la pierre à l’édifice, dans cette recherche sans fin de tensions apaisées et d’équilibres dans ses compositions, « fabriquant » jour après jour son oeuvre.
J’aime dans son travail cette humilité méticuleuse qui témoigne de sa recherche personnelle à unir les douleurs et les joies de nos vies quotidiennes vers une transcription universelle. Son expression abstraite rappelle les deux salles du Musée Berlage à Rotterdam présentant dans l’une le Mondrian des années 1892-96 au travers de quatre toiles figuratives, paysages ou personnages, dignes d’un pur produit de l’école hollandaise qu’il était, et dans l’autre, cinq toiles de 1898-1906 où il bascule dans l’abstraction et sa quête obsessionnelle d’une adresse sans doute à chacun d’entre nous, mais aussi à nous tous.
C’est cette même quête qui me fascine ici, et qui, malgré la difficulté quotidienne à poursuivre et parfaire la sérénité et la complexité de sa recherche, lui permet de fredonner :
« Un soir sur ma dune,
je m’entretenais avec la Lune
de je ne sais plus trop quoi… »
Biarritz , février 2015, Marc Delanne , architecte, urbaniste